Reconnaitre la culpabilisation écologique

 







Le 2 janvier 2020, la youtubeuse Coline publie une vidéo intitulée « J'EN AI MARRE D'ÊTRE ÉCOLO ». Elle y fait part de la charge mentale qui lui pèse concernant ses gestes du quotidien vis-à-vis de l’écologie.


Coline exprime un ras-le-bol. La youtubeuse explique avoir traversé une période difficile. Alors qu’elle avait l’habitude de se tourner vers des produits sains, elle se retrouve à préférer se diriger vers des produits transformés, car fatiguée de se torturer l’esprit pour savoir à l’avance ce qu’elle allait pouvoir cuisiner de bon et de bio pour sa famille. Elle est aussi fatiguée d’utiliser des couches réutilisables alors que les couches jetables sont tellement plus pratiques, ou de jeter ses légumes dans le compost… À cette fatigue générale, s’est ajoutée la culpabilité « j’avais l’impression dans un premier temps d’être une mauvaise personne, mais aussi d’empoisonner ma famille en la nourrissant de choses qui ne sont pas bio ou qui soient transformées, ou qui soient loin d’être saines et bénéfiques à la santé des gens que j’aime » exprime-t-elle. Coline définit cette culpabilité par « la charge morale », même chose que la charge mentale, mais qui correspond à toutes les choses que nous nous devons de faire par sens moral. Dans cette situation, on parle aussi de culpabilisation écologique et il semble qu’elle ait pris de l’ampleur suite à la crise du Covid.


La culpabilisation écologique, se définit comme une moralisation à l’encontre de notre façon de consommer ou d’agir face aux problématiques écologiques. Elle touche au plus souvent les citoyens et les consommateurs.


Dans un article d'Elisa Monnot et Fanny Reniou intitulé "Ras le bol d'entendre parler d'écologie !": comprendre la contestation des discours écologiques par les consommateurs, il est expliqué qu’en plus d’être moralisateur, les discours écologistes peuvent être confus, difficile à comprendre, et ne respectent pas les besoins quotidiens des consommateurs. Il n’est effectivement pas rare de retrouver des publicités ou des campagnes de sensibilisation martelant sur les désastres de la crise écologique. Dans les conversations, l’écologie peut être également sujet de discorde.


« Ce sujet omniprésent est devenu également omni culpabilisant. »


Dans son podcast Sois sage et parle fort , Marie Arnoult, rédactrice et productrice du podcast l’explique : l’écologie est devenue un sujet central de nos conversations, ce qui est plutôt positif puisque cela signifie que les choses bougent et que l’opinion publique est sensibilisée. Mais « ce sujet omniprésent est devenu également omni culpabilisant » ajoute-t-elle. Ce qui est censé être naturel et source de bon sens est devenu un sujet de dispute. En cause selon elle, les médias et leurs discours alarmants, et les marques avec leurs discours « bobo bio culpabilisant ». Des discours et des méthodes que l’on pourrait qualifier de greenwashing. Cette stratégie utilisée par les entreprises, a pour but de faire croire au consommateur que celle-ci est écoresponsable.


Mais alors, comment arrêter des culpabiliser ? Doit-on arrêter de faire de notre mieux ?


Il faut accepter de ne pas être parfait, sans pour autant abandonner sa conscience écologique. Être au fait de la crise environnementale et agir en conséquence, c'est une bonne chose. Pour autant acheter des tomates en février une fois ou utiliser des couches jetables de temps en temps ne fera pas de vous une mauvaise personne. Tout le monde n’a pas les moyens de consommer de la meilleure des manières possibles.


Il est important de rappeler que les principaux acteurs de la surconsommation, sont surtout les grandes industries et les gouvernements. En 2019, The Guardian avait révélé une étude de l’Institut de Responsabilité civile Américain. Celle-ci listait 20 industries responsables d’un tiers des émissions de CO2 depuis 1965. Plus récemment, la Chine multiplie les « alternatives » écologiques pour se donner une bonne image à la veille des Jeux olympiques d’hiver. En revanche, le gouvernement chinois ne mettra pas en avant la quantité d’eau utilisée pour recouvrir leurs pistes de neiges artificielles (on estime environ 185 millions de litres d’eau.).


Comme le conclu Marie Arnoult « ce n’est pas en culpabilisant que l’on avance ». Il est donc primordial de prendre du recul sur les discours condescendant quant à notre consommation, tout en agissant de manière responsable à notre échelle. 





On January 2, 2020, the YouTuber Coline published a video entitled  "J'EN AI MARRE D'ÊTRE ÉCOLO" (TIRED OF BEING GREEN). She shares the mental burden that weighs on her regarding her daily ecological actions.



Coline has had enough. The YouTuber explains that she went through a difficult period. While she used to turn to healthy products, she finds herself to rather move towards processed products, because she is tired of torturing her mind to know in advance what she will be able to cook for her family. She is also tired of using reusable nappies when disposable nappies are so much more practical or throwing her vegetables in the compost... Added to this general fatigue is the guilt "at first I had the impression to be a bad person, but also to poison my family by feeding them things that are not organic or processed, or anything less than healthy and beneficial to the health of the people I love” she expresses. Coline defines this guilt by "the moral stress", the same thing as the mental stress, but which corresponds to all the things that we must do out of moral sense. In this situation, we also speak of ecological guilt and it seems that it went worse following the Covid crisis.



Ecological guilt is defined as a moralization against our way of consuming or acting in the face of ecological issues. It most often affects citizens and consumers.


In an article by Elisa Monnot and Fanny Reniou entitled "Fed up with hearing talk about ecology!'': understanding the contestation of ecological discourse by consumers, it is explained that in addition to being moralizing, Environmentalist speeches can be confusing, difficult to understand, and do not meet the everyday needs of consumers. It is indeed not uncommon to find advertisements or awareness campaigns hammering on the disasters of the ecological crisis. In conversations, ecology can also be a point of contention.




“This omnipresent subject has also become omni-guilt-ridden. »




In her podcast called Be wise and speak loudly, Marie Arnoult, editor and producer of the podcast explains it: ecology has become a central subject of our conversations, which is a good thing since it means that things are moving and that the public opinion is sensitized. But “this ubiquitous subject has also become guilt-inducing,” she adds. What is supposed to be natural and common sense has become a matter of contention. According to her, the reason is the media and their alarming speeches, and the brands with their speeches "bobo bio guilt". Speeches and methods could be described as greenwashing. This strategy used by companies aims to make the consumer believe that it is eco-responsible.


But then, how to stop feeling guilty? Should we stop doing our best?


You have to accept the fact that you are not perfect, without giving up on your ecological conscience. Being aware of the environmental crisis and acting accordingly is a good thing. Still, buying tomatoes in February once or using disposable diapers once in a while won't make you a bad person. Not everyone has the means to consume in the best possible way.



It is important to remember that the main stakeholders in this overconsumption, are above all the large industries and the governments. In 2019, The Guardian revealed a study by the American Civil Liability Institute. It listed 20 industries responsible for a third of CO2 emissions since 1965. More recently, China has multiplied ecological “alternatives” to give itself a good image on the eve of the Winter Olympics. On the other hand, the Chinese government will not highlight the quantity of water used to cover their tracks with artificial snow (an estimated 185 million liters of water).




Sources : 


  J'en ai marre d'être ecolo, Coline




“ Ras le bol d’entendre parler d’écologie ! ” : comprendre la contestation des discours écologiques par les consommateurs Elisa Monnot, Fanny Reniou


Revealed: the 20 firms behind a third of all carbon emissions, The Guardian, Matthew Taylor and Jonathan Watts





4 comments

COMMENT

  1. Un sujet de société très bien rédigé !
    Bravo !

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  2. Sujet très intéressant !! Je trouve cela tellement énervant de se voir rabâcher, en tant que consommateur.trice, de faire attention à ce qu'on consomme, de prendre des douches de trois minutes maximum sinon on "détruit la planète" alors que les plus gros pollueurs de la planète sont les grandes industries, sociétés et les gouvernements. Évidemment, réduire ou améliorer notre consommation est toujours une bonne chose, mais on ne peut pas blâmer les individus de faire selon leur budget et leur mode de vie. Par contre on peut blâmer Elon Musk qui préfère faire du tourisme spatial quite à détruire les ressources terrestres plutôt qu'aider la cause écologique et humaine avec sa fortune... (oui je n'aime pas Elon Musk)

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    1. Merci beaucoup pour ton commentaire ! Effectivement il n'y a rien de plus frustrant que de se faire remettre à l'ordre lorsque l'on fait un pas de travers dans nos gestes du quotidien. Je pense qu'il faut relativiser sur notre consommation et s'intéresser aux réels acteurs, comme tu as pu le citer effectivement

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