L’écoféminisme, c’est quoi ?


illustration by Nin Hol



Ces derniers temps, le terme "écoféminisme" ressort régulièrement dans les médias. Il est notamment revenu durant les primaires écologistes, où Sandrine Rousseau économiste et membre du parti Europe Écologie Les Verts se définit elle-même comme étant écoféministe. Mais que signifie ce courant à la fois politique, philosophique et sociologique ?
Il faut déjà savoir que le terme écoféminisme ne date pas d’hier. Il apparaît en France en 1974 dans l’essai de l’écrivaine Françoise d’Eaubonne Le féminisme ou la mort faisant référence à L’utopie ou la mort ! de René Dumont, premier candidat à s'être présenté en tant qu’écologiste à une élection présidentielle française en 1974. Dans son essai, l’écrivaine militante dénonce le capitalisme patriarcal, responsable de l’oppression des femmes et de la destruction de la planète. Selon elle, celui-ci est un dénominateur commun et il n’y a pas d’autre alternative pour y remédier sinon l’écoféminisme « Les valeurs du féminin, si longtemps bafouées, puisque attribuées au sexe inférieur, demeurent les dernières chances de survivance de l’homme lui-même » écrit-elle. Le terme écoféminisme a donc été introduit par une écrivaine française. Mais l’idée se développe 2 ans plus tôt chez les Anglo-saxons. En 1972, des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) démontraient dans le rapport Meadows un lien entre les conséquences écologiques dues à la croissance économique, et la croissance démographique.

Francoise d'Eaubonne (Roger Viollet)


Xavière Gauthier, écrivaine et fondatrice de la revue Sorcières en 1975, exprime son étonnement dans un article de la philosophe Jeanne Burgart Courtal intitulé, Les Sorcières sont de retour. Pour elle, on présente toujours le mouvement écoféministe comme étant anglo-saxon. Elle explique alors que les Sorcières étaient une tribune de l’écoféminisme français : « Nous reliions explicitement féminisme et écologie, domination des femmes et domination de la nature, en montrant qu’elles sont l’objet d’une seule et même répression, celle de l’hyper-capitalisme, qui va jusqu’à désirer s’approprier le vivant. »

À travers les années, le mouvement écoféministe s’est développé un peu partout dans le monde et des nouvelles figures du mouvement ont surgies. En Inde, Vandana Shiva est considérée comme une des cheffes de file du mouvement écoféministe. Au début des années 70, alors qu’elle a tout juste 21 ans, elle rejoint sa mère dans le mouvement féministe Chipko et l’aide à lutter contre l’exploitation forestière de sa région. Du côté américain, Carolyn Merchant est une philosophe écoféministe, auteure de La Mort de la nature en 1980, faisant partie des premiers textes à relier la conception d’écologie et de féminisme. Au Kenya, Wangari Muta Maathai biologiste et professeure en médecine vétérinaire kényane reste une figure importante de l’écoféminisme. En 1977, elle fonde le Mouvement de la Ceinture Verte (Green Belt Movement) à travers lequel elle défend les forêts du Kenya. Actuellement, en France, maître de conférences et chercheuse d’études constructivistes de l’université libre de Bruxelles, Emilie Hache fait partie des militantes les plus engagées de l’écoféminisme. Et bien sûr parmi les plus connues, on peut penser à Greta Thunberg, reconnue par le mouvement écoféministe bien que nous ne sachions pas réellement si elle en fait partie. La jeune militante mène le mouvement pour le climat, fait entendre sa voix et encourage les jeunes de faire de même.

Intriguant et plutôt déroutant au premier abord, le mouvement écoféministe est finalement facile à comprendre. Il s’agit de mettre en lien la surconsommation et le patriarcat désignés comme responsables du déclin climatique et d’une répression envers les femmes. Il définit aussi des combats écologiques, menés par des femmes militantes, mettant tout en œuvre pour faire valoir leurs idées. Il transforme également l'approche du féminisme et l'approche de l'environnement.


These days, the word ecofeminism is current in the media. In France, it was heard more particularly during the Ecology Party presidential primary, where Sandrine Rousseau member of the French party “Europe écologie Les Verts” defines herself as an ecofeminist. But what does this political movement mean?






The first thing we need to know is that the word ecofeminism is not new. It appeared in France in 1974 in the essay of Francoise d’Eaubonne Feminism or Death: How the Women's Movement Can Save the Planet, a reference to Utopia or Else… form René Dumont, the first candidate to present himself as an ecologist in a French presidential election in 1974. In her essay, the activist denounces patriarchal capitalism, responsible for the oppression made against women and the destruction of the planet. According to her, this is a common threat and there is no other alternative or ecofeminism. She writes in her essay "The values ​​of the feminine, so long flouted, since attributed to the inferior sex, remain the last chances of survival of the man himself". This term ‘ecofeminism’ was then introduced by a French writer. But the idea itself is developed 2 years before by the Anglo-Saxons. In 1972, MIT researchers (Massachusetts Institute of Technology) demonstrated in the Meadows report a link between the ecological consequences due to economic growth, and demographic growth.

Xavière Gauthier, writer, and founder of the revue Sorcières in 1975, expressed astonishment in an article from the philosopher Jeanne Burgart Courtal named Les Sorcières sont de retour (The Witches are back). According to her, the ecofeminist movement is always presented as Anglo-Saxons. She explains that Les Sorcières was a platform of the French ecofeminism "We explicitly link feminism and ecology, domination of women and domination of nature, in that they are the object of the same repression, that of hyper-capitalism, which goes so far as to desire to appropriate the living. " she explains.

Through the years, the ecofeminist movement was developed everywhere in the world et new figures of the movement appeared. In India, Vandana Shiva is considered one of the leaders of the ecofeminist movement. At the beginning of the ’70s when she is only 21, she takes part in the feminist movement Chipko with her mother et helps her to fight against the logging of her region. In America, Carolyn Merchant is an ecofeminist philosopher, author of The death of nature in 1980, which is part of the first text to link the conception of ecology and feminism. In Kenya, the ecologist and veterinary medicine teacher, Wangari Muta Maathai is an important figure of the ecofeminism movement. In 1977 she founds the Green Belt Movement through which the defends the Kenyan forests. Currently in France, lecturer, and researcher in constructivist studies at the Brussels University. Emilie Hache is one of the most engaged activists of the ecofeminism movement. Of course, we can also think about Greta Thunberg recognized by the ecofeminist movement although we don’t know if she is part of the movement directly. The young activist is leading the climate movement, make her voice heard, and encourages the young people to do the same.

Intriguing and rather confusing, the ecofeminist movement is easy to understand. It is about connecting over-consumption and the patriarchy designed as responsible for climate change and the repression of women. It also defines the ecological struggle led by activist women doing everything to defends their values and their ideas. It also transforms the feminist approach and the ecological approach.

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