les sorcières : de la persécution à la fascination

 

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Dans la culture populaire et depuis des siècles, la sorcière est dépeinte comme une femme maléfique à l'image négative, jetant des sorts à quiconque se mettrait sur son chemin. Au fil des années, elle est fortement sexualisée dans les films et séries, ce qui fait d'elle à la fois une femme démoniaque et une tentatrice. À l'approche du 31 octobre, un retour sur ses origines et une description de la sorcière moderne semble tomber à pique. 


Les sorcières entre le 16e et le 18e siècle 

Ici, parlons plutôt de chasse aux sorcières. Contrairement aux croyances populaires, la véritable chasse aux sorcières ne s'est pas déroulée au Moyen-âge, mais à la Renaissance, entre le 16e et le 18e siècle. C'est à cette époque qu'ont eu lieu les plus grands féminicides de l'histoire. Des milliers de femmes accusées de sorcelleries furent jugées et pour la majorité exécutées. En général, elles étaient accusées d'avoir pactisé avec le diable, ou de pratiquer de la magie. Ces accusations se faisaient le plus souvent sur la base de rumeurs sans véritables preuves. Il s'agissait parfois de vengeance, ou simplement de discrimination. On pense bien sûr aux tristement célèbres procès de Salem, petite ville du Massachusetts en 1692. Mais bien que la chasse aux sorcières en elle-même se déroule plutôt à la renaissance, les premiers procès remontent dans les années 1430 en Allemagne, en Suisse, dans l'est de la France et se sont développés plus tard. C'est ensuite « en pleine Renaissance, à partir de 1560, que la chasse aux sorcières explose, dans l’un des temps les plus antiféministes qui ait jamais existé dans le monde occidental » explique Robert Muchembled, historien français, spécialiste de l'Époque moderne. Le nombre de victimes estimées se situe entre 50 000 et 100 000, sachant sans surprise que 80 % des condamnés étaient des femmes.


The witch no 1, J.E. Baker 


Les sorcières, des figures féministes

Aujourd'hui, la sorcière, loin d'être uniquement considérée comme ensorceleuse, est aussi très souvent figure de féminisme. En acclamant haut et fort le slogan "Nous sommes les petites-filles des sorcières que vous n'avez pas réussi à brûler", les femmes dénoncent les atrocités vécues par leurs ancêtres et défendent les combats féministes de notre société actuelle. En octobre 1968, le jour d'Halloween, le groupe WITCH faisait sa première apparition à New-York (Women's International Terrorist Conspiracy from Hell, "Conspiration Internationale féministe de l'enfer"). En défilant dans les rues de Wall Street, les sorcières défendaient le mouvement de libération des femmes. L'idée était de jeter un "sort" au quartier financier en proclamant l'effondrement de multiples actions et en entonnant des chants berbères. Quelques années plus tard, Robin Morgan, une des participantes, parlait d'une baisse du marché de cinq points. Plus récemment, en 2017, les membres du groupe WITCH défilaient à Louisville dans le Kentucky pour défendre le dernier centre d'IVG de l'état, alors menacé de fermeture. Une manifestation qui fait écho à la situation actuelle des États-Unis concernant le droit à l'avortement. La même année en France, le collectif féministe Witch Bloc manifestait à Paris contre la réforme du code du travail. 


@ Bev Grant


Quand la sorcière devient tendance 

Depuis quelques années, la sorcière est devenue tendance. plus particulièrement sur le réseau social TikTok, où il y a encore 1 an la vague #WitchTok avait le vent en poupe. Tirage de carte, lithographie... l'allure même de la sorcière est repris à des fins commerciales. Pour l'historien Robert Poole, cette tendance s'explique par une recherche de mystère dans le but d'échapper à la réalité des confinements lors de la pandémie. Sur la plateforme, les sorcières deviennent influenceuses. Sarah Al, l'une des plus connues d'entre elles, se considère comme païenne et comptabilise 1,5 million d’abonnés sur son compte TikTok. Les influenceuses "Witchy" investissent aussi la plateforme Instagram. Que ce soit pour partager leur spiritualité, leur mode de vie ou revendiquer leur féminisme, elles enregistrent également un nombre conséquent d'abonnés. Ren aka @Theautumnvvitch sur Instagram partage son univers cosy et automnale avec plus de 92 000 followers, @HarmonyNice, elle, partage ses rituels et ses connaissances sur la Wicca¹ avec plus de 333 000 followers. 


@theautumnvvitch

En 2022, la tendance "Witchy" semble s'estompée peu à peu. Pour autant, la figure de la sorcière comme symbole féministe, elle, ne s'essouffle pas et le combat pour l'affirmation de la puissance féminine ne cessera pas de sitôt. En continuant à faire vivre la sorcière, les femmes ne font pas seulement un travail de mémoire en hommage aux nombreuses innocentes tuées à tort lors des chasses aux sorcières, mais continuent également à faire vivre la symbolique de la libération des femmes face à la domination masculine. 


¹ La Wicca est un mouvement religieux venant de l'ancienne religion Païenne. Les croyances de ce mouvement comprennent le chamanisme, le druidisme, les mythologies nordique, grecque, slave, celtique. 




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@ Gabriela Cheloni / Pexels 


For centuries in popular culture, witches are considered maleficent, casting spells on anyone standing in their way. Through the years, they are sexualized through shows and movies, making them evil women and temptresses. With October 31 approaching, it could be interesting to have a throwback on the origins and descriptions of modern witches. 


The witch between the sixteenth and the eighteenth century

First, the witch’s hunt. Despite popular beliefs, the real witch hunt did not happen during the Middle Ages but rather during the Renaissance between the sixteenth and eighteenth centuries. During these times happened the most critical femicide in history. Thousands of women were accused of witchcraft and judged and most of them were killed. Generally, the rumors accused them of dealing with the devil or practicing magic. Most of the time, these accusations were made for revenge or simply discrimination. One can think of the sadly well-known Salem trials in Massachusetts in 1692. But even if the witch hunt happened during the Renaissance, the first trials date back to the 1430s in Germany, Switzerland, and the East of France and had grown later. It is then “in the middle of the Renaissance, from 1560, that the witch-hunt explodes, in one of the most antifeminist times that ever existed in the Western world”, explains French historian and modern era specialist Robert Muchembled. The average number of victims is between 50,000 and 100,000, and without any surprise, 80% of them were women. 

 

The witch, a feminist figure 

Today, the witch is far from being only considered an enchantress and is also very often regarded as a feminist figure. By strongly claiming “We are the granddaughters of the witches you couldn’t burn”, women denounce the atrocities experienced by their ancestors and defend today’s feminist actions. In October 1968, on Halloween, the WITCH group (Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell) made its first appearance in New York City. It is through their demonstrations in Wall Street that the witches defended the women’s liberation movement, casting spells on the financial district, claiming the multiple collapses of actions, and singing Berber songs. A few years later, Robin organ, one of the participants, talked about a market fall of about 5 points. More recently, in 2017, the WITCH members demonstrated in Louisville, Kentucky to defend the state’s last abortion center that threatened to close. A demonstration of reasoning with the current situation in the USA concerning the abortion right. The same year in France. The feminist group called Witch Bloc, made a demonstration in Paris against the labor laws. 


@ Anete Lusina / Pexels



The fashion witch 

For a few years now, the witch has been trending. More particularly the social TikTok, where the #WitchTok wave was at its best. Tarot reading, lithography, and even the witch’s look are taken for commercial purposes. For the historian Robert Poole, this trend is explained by a quest for mystery, aiming to escape the confinements during the pandemic. On the platform, the witches are becoming influencers. One of them, Sarah Al, is one of the most well-known. She considers herself a pagan and counts around 1.5 million followers on her TikTok. The Witchy influencers are also investing in Instagram. They also share their spirituality, their lifestyle of their feminism, and they have a relevant number of followers. For example, Ren aka @Theautu
mnvvitch on Instagram shares her cozy and autumn universe with her 92,000 followers, and for @Harmonynice, shares her rituals and her Wicca’s¹ knowledge with her 333,000 followers. 


In 2022. The Witchy trend seems to fade little by little. Still, the witch figure, a feminist symbol, does not falter and the action for the affirmation of feminist power will not stop that soon. By keeping the witch alive, women are not only working on the memoir of the number of innocent women unfairly killed during the witch hunt but also keeping the symbolism of women’s liberation alive.


¹Wicca is a religious movement coming from the ancient Pagan religion. The beliefs of this movement include shamanism, druidism, Nordic, Greek, Slavic, Celtic mythologies.  




Sources : 

Sorcières : la Puissance Invaincue des Femmes - Mona Chollet

WitchTok: une nouvelle vague de sorcières s’empare de TikTok - Metro Time 
Wikipédia 



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